Il existe une grande variété de méthodes pour préserver les fourrages. Certaines se distinguent par leur capacité à maintenir un haut niveau de qualité à long terme, tandis que d’autres sont appréciées pour leur longévité. Cependant, se poser la question du choix de la bonne méthode pour la conservation des fourrages n’est pas une mince affaire. Il n’est pas seulement question de peser le pour et le contre entre l’ensilage et la fenaison, par exemple. Comme vous le découvrirez plus amplement dans cet article, une telle décision doit se faire en prenant en considération l’ensemble des spécificités de l’exploitation agricole.
Qu’est la conservation des fourrages ?
La conservation des fourrages implique la gestion adéquate des plantes destinées à nourrir le bétail, comme le foin, la paille et les produits d’ensilage. De plus, le pâturage est une autre façon de consommer ces fourrages.
Les fourrages offrent une base vitale pour l’alimentation du bétail, favorisant ainsi leur santé et leur productivité. Ainsi, les agriculteurs portent une attention particulière à la conservation optimale des fourrages, en adaptant les mélanges et les quantités selon les exigences spécifiques de leurs animaux.
Le choix du type de fourrage à conserver sera dicté par les besoins de l’élevage, mais l’agriculteur doit également prendre en compte ses installations de stockage, les conditions climatiques lors de la récolte et d’autres facteurs que nous allons explorer plus loin.
La conservation des fourrages : une approche multiple
Pour élaborer une stratégie adéquate de conservation de votre fourrage, vous devez d’abord comprendre les différentes options à votre disposition. En effet, ces options dépendent de plusieurs variables à prendre en compte.
Il existe essentiellement deux techniques majeures de conservation de fourrage :
- La conservation de fourrage en milieu sec (couramment utilisée pour des fourrages comme le foin, la paille, l’orge, le sorgho et l’avoine)
- La conservation de fourrage en milieu humide (généralement utilisée pour le maïs et le ray-grass, ainsi que l’ensilage de l’herbe)
Le choix entre ces deux méthodes dépendra de nombreux facteurs. Ces facteurs comprennent le type de fourrage à votre disposition, les conditions climatiques locales, les besoins nutritionnels de vos animaux, ainsi que les ressources et l’équipement dont vous disposez pour la conservation. Chaque option a ses propres avantages et désavantages. Il est donc essentiel d’évaluer soigneusement tous ces éléments afin de garantir un apport alimentaire adéquat pour votre bétail tout au long de l’année.
Méthodes de conservation des fourrages de manière sèche
Garder le fourrage en couleur sèche est une méthode reconnue pour préserver la qualité des cultures fourragères, les rendant utilisables en tant que nourriture pour le bétail durant les mois où la croissance de l’herbe est restreinte. Il est essentiel de réduire le niveau d’humidité du fourrage à moins de 20 % pour éviter la croissance de moisissures et de bactéries.
- La fenaison du foin est un des premiers systèmes de conservation en mode sec. Cette démarche implique de collecter les cultures fourragères, incluant l’herbe, le ray-grass ou le trèfle, à un niveau d’humidité inférieur à 20 %. La durée de la fenaison est dépendante des conditions climatiques locales, mais il est capital que le fourrage soit complètement sec avant d’être stocké afin de prévenir le risque de surchauffe. Cette procédure consiste à faucher l’herbe avant de la presser en balles de foin. Les balles rondes de foin présentent plusieurs avantages, parmi lesquels leur facilité de stockage, de transport et de distribution. De plus, elles sont généralement revêtues d’un film plastique ou d’un filet pour protéger le fourrage de l’humidité et des dégâts externes.
La même règle s’applique en ce qui concerne la fenaison de la paille. Celle-ci est parfois utilisée comme fourrage lors que les rendements sont insuffisants. Dans ce cas, elle est compressée en bottes de paille à destination de l’alimentation des vaches.
Même si le pâturage n’est pas vraiment une méthode de conservation des fourrages, il est important de le souligner ici. Permettre aux animaux de pâturer contribue à préserver les autres fourrages au cours du printemps ou au début de l’automne. Il s’agit donc d’un élément à prendre en compte dans la gestion complète du fourrage.
Conserver les fourrages sous forme sèche est une approche plébiscitée pour garantir une alimentation de qualité pour le bétail. Elle offre aux éleveurs la possibilité de gérer efficacement leurs ressources fourragères tout au long de l’année.
Conservation des fourrages: Les approches de préservation humide
Nous allons aborder ici la méthode de conservation des fourrages par voie humide, une technique essentielle en matière de conservation des fourrages. Examinons quelques-unes des stratégies pertinentes :
Dans le premier cas, des fourrages humides tels que l’herbe fraîche sont finement hachés et stockés dans des silos hermétiques recouverts de bâches. Au sein de ces silos, une fermentation anaérobie se produit, ce qui signifie que le processus de fermentation a lieu sans oxygène. Grâce à cette fermentation lactique anaérobie, la valeur nutritive du fourrage est préservée. L’efficacité de cette méthode dépend largement de la qualité de la conservation, qui influence directement la valeur nutritive et l’appétence, très appréciées par le bétail.
Une autre stratégie est l’enrubannage, qui consiste à presser le fourrage humide en balles rondes avant de les envelopper hermétiquement dans du film plastique. Cette technique est également populaire car elle favorise l’appétence, en particulier lorsque les balles ont été exposées au soleil pendant un certain temps, ce qui leur confère une saveur caramélisée très appréciée des bovins.
La dernière méthode implique l’ensilage en tunnel. Ici, le fourrage est de nouveau stocké dans un silo. Bien que le coût d’installation des silos soit plus élevé, la conservation en silo offre une excellente préservation de la qualité, à condition que le silo soit correctement fermé.
- Ensilage d’herbe en tunnel :
- Enrubannage :
- Stockage en Silo :
La méthode de conservation sous forme humide permet de mentenr la valeur nutritive des fourrages tout en les rendant disponibles pour l’alimentation animale pendant les périodes de faible croissance de l’herbe. Le choix de la méthode dépendra des ressources disponibles, de la quantité de fourrage à conserver et bien sûr des besoins spécifiques de l’exploitation agricole.
Les éléments à considérer pour sélectionner la meilleure méthode de conservation des fourrages
La conservation durable des fourrages
La durée de conservation s’impose comme le facteur clé lors de la sélection des méthodes de conservation des fourrages. Une fermentation réussie et une réduction significative du pH permettent d’atteindre une conservation optimale. La période pour laquelle les fourrages doivent être stockés avant leur utilisation aura une incidence majeure sur la méthode de conservation à privilégier. Par exemple, le stockage de fourrage sous forme d’ensilage tunnel requiert une attention particulière sur la qualité du tunnel. L’environnement anaérobie devrait être parfait pour éviter la prolifération de micro-organismes nuisibles. Ainsi, le stockage en silo de l’ensilage est parfaitement adapté pour une conservation des fourrages plus longue.
Pour des durées de conservation plus courtes, des options de stockage en extérieur ou en grange peuvent être préférable, puisqu’elles offrent une utilisation plus rapide tout en minimisant les risques de dégradation. C’est notamment le cas pour l’enrubannage, mais également pour les balles de foin ou de paille si elles doivent être stockées à l’extérieur.
La durée de conservation des fourrages est un critère crucial qui guide le choix de la méthode de conservation afin d’assurer une nourriture de haute qualité pour le bétail tout au long de l’année.
Espace de stockage
L’espace de stockage utilisé aura un impact significatif sur la méthode de conservation des fourrages sélectionnée. Cela est parfaitement compréhensible car tous les espaces de stockage ne sont pas compatibles avec tous les types de fourrages. Disposez-vous d’espace en bâtiment pour le stockage? Avez-vous des silos d’ensilage à votre disposition? Êtes-vous en possession de plateformes non couvertes? Des silos? Ou peut-être, n’avez-vous plus d’espace disponible pour stocker le fourrage supplémentaire?
Toutes ces interrogations influenceront votre décision relative à la conservation des fourrages.
Si de l’espace est encore disponible dans vos hangars, les balles provenant de la fenaison seront le choix optimal. Prudence toutefois avec le taux d’humidité du fourrage pour minimiser les risques d’incendie.
Un silo d’ensilage libre est idéal pour le stockage de l’herbe fraîchement fauchée et ensilée ou même du maïs, surtout si le silo est en béton, ce qui permettra de limiter le risque de prolifération de micro-organismes et de levures.
À l’autre bout du spectre, si vous manquez d’espace de stockage, vous devrez envisager de stocker directement dans le champ. Dans ce cas, l’enrubannage est une option intéressante. Si le film d’enrubannage est traité anti-UV de bonne qualité, votre fourrage profitera d’une excellente préservation contre le soleil et aura une acidification adéquate. Les balles de foin peuvent également être envisagées mais pour des durées plus courtes. En cas d’intempéries, les balles se dégraderont plus rapidement, et le fourrage sera moins attrayant pour les troupeaux.
Impact des éléments nutritifs
Le dernier élément à prendre en compte, mais néanmoins le plus crucial pour la sélection d’une stratégie de conservation des fourrages, est que la qualité nutritionnelle du fourrage sera influencée par la méthode de conservation utilisée.
La valeur nutritive escomptée représente un facteur décisif lorsqu’il s’agit de choisir une méthode de conservation des fourrages. Dans l’idéal, on se tourne vers une fermentation lactique pour une conservation efficace, étant donné que le but principal est d’obtenir une réduction du pH du fourrage, surtout lorsque celui-ci est ensilé. Un pH élevé persistant après 2 à 3 semaines indique une fermentation insuffisante ou défectueuse, susceptible d’altérer la qualité nutritionnelle du fourrage. À l’opposé, un pH inférieur favorise la prolifération des bactéries acidophiles, garantissant ainsi une meilleure conservation.
L’appétibilité du fourrage est une variable essentielle afin d’assurer une alimentation équilibrée pour le bétail. L’obtention d’un goût agréable pour le fourrage est crucial pour assurer que les animaux mangeront assez pour couvrir leurs besoins nutritionnels.
Concernant l’ensilage, le bétail appréciera la caramélisation du fourrage provoquée par l’exposition au soleil. Cependant, la prudence est de mise : si l’exposition est prolongée, le fourrage peut trop fermenter et devenir impropice à la consommation.
Finalement, si vous choisissez une conservation en balles de foin, c’est la qualité de l’herbe qui déterminera la teneur en nutriments procurée au bétail.