Entretien avec Arthur, cofondateur de auCalme, une plateforme internet proposant des séjours « déconnectés », sans téléphone ni montre. Arthur décrit l’activité de son entreprise ainsi que son parcours.
Pourrais-tu décrire en quelques mots l’activité de auCalme (date de création, objectifs, équipe) ?
auCalme propose des week-ends déconnectés, sans smartphone ni montre, vers une destination surprise en pleine nature à moins de 3h de voiture. L’objectif est de ralentir, de s’extraire du rythme infernal de la vie en ville, pour retrouver le temps perdu. Tout simplement vivre un week-end comme au temps de nos arrières-grands-parents !
Nous avons co-fondé l’entreprise en février 2018 avec Clément mais nous travaillons dessus depuis septembre 2017 et l’idée remonte à 2015 ! Pour le moment, nous travaillons avec une dizaine de gîtes et chambres d’hôtes autour de Paris qui accueille régulièrement nos “explorateurs” et l’objectif est de répliquer ce modèle autour de Bruxelles et Lyon d’ici la fin de l’année.

D’où est venue l’idée de lancer auCalme ? Quel était ton parcours professionnel auparavant ?
L’idée date d’un voyage post-étude au Kirghizistan. Nous avions passé quelques jours coupés de tout dans une bergerie. La faute à nos chevaux qui s’étaient enfuis pendant la nuit. Il n’y avait aucun “loisir” au sens premier du terme, nous nous sommes ennuyés ferme et avons adoré cela. L’idée est de retrouver cette sensation de lenteur d’apaisement qui en découle. Nous souhaitons répliquer cette expérience à côté de chez nous.
Avant auCalme, j’ai étudié avec Clément à l’ESSEC puis j’ai travaillé un an dans une start-up en hyper-croissance appelée Everoad. J’ai pu y apprendre à être méthodique, à valoriser l’exécution plus que l’idée, à écouter et satisfaire nos clients en priorité. Mais je l’ai quitté car l’hyper-croissance entraîne l’hyper-vitesse et que j’étais trop en décalage avec l’idée qu’il faut que tout aille plus vite tout le temps. D’où auCalme…
As-tu toi-même ressenti à un moment donné le besoin de « déconnecter » ?
Je le ressens tous les week-ends. Monter une entreprise est épuisant, on est sollicité constamment et il est difficile de trouver un équilibre entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle. J’essaye donc de déconnecter volontairement le dimanche ou de m’astreindre à ne plus utiliser mon portable après 20H en semaine, des petites choses qui me permettent de ne me sentir moins schizophrène quand je vante les mérite de la déconnexion alors que je suis moi-même constamment sur mon portable…
Quels sont les profils des personnes qui ont déjà testé auCalme ?
Pour le moment nous nous adressons essentiellement à des couples de jeunes citadins. Ils ont entre 25 et 35 ans, travaillent trop, ne se voient pas assez et veulent passer du temps de qualité ensemble. Pendant un week-end auCalme, pas de risque que sa ou son conjoint passe son temps sur ses mails, ils n’ont pas à se soucier de l’organisation, ils ont l’assurance de passer un week-end atypique, à deux, coupés du monde, dans un endroit de rêve.
Comment sélectionnes-tu les lieux de séjour auCalme ?
C’est la plus grosse partie du boulot. Nous faisons une veille constante sur internet. Nous recevons également beaucoup de messages sur LinkedIn, facebook ou par mail de personnes qui adhèrent à notre concept et qui nous envoient des recommandations de gîtes et chambres d’hôtes. Nous visitons tous les lieux que nous proposons par la suite. Cela nous permet d’une part de nous assurer de leur qualité et d’autre part de rencontrer les hôtes et tisser des liens privilégiés avec eux, ce qui est primordial. Je dirais que le ratio est de 1 lieu auCalme validé pour 50 pré-sélectionnés. C’est laborieux mais c’est ce qui fait notre valeur, nos lieux sont incroyables, nous n’avons que des supers retours.

Pour conclure, y a-t-un sujet que tu souhaiterais aborder et qui caractérise au Calme ?
Je souhaiterais partager une lecture fondatrice d’auCalme : Accélération de Hartmut Rosa, sociologue et philosophe allemand, qui expose le paradoxe suivant : les formidables progrès techniques nous permettent d’optimiser (voire automatiser) nos tâches quotidiennes, elles nous libèrent donc du temps. Ainsi, la question qui se pose : où est le temps que nous gagnons ?