Les produits phytosanitaires sont destinés à prévenir ou soigner les maladies des organismes végétaux et contrôler les organismes vivants. Dans le cadre d’une production saine de nos cultures, il est primordial d’utiliser des semences et plants sains pour protéger celles-ci sans nuire à nos sols et notre alimentation. En l’espèce, les produits phytosanitaires doivent être adaptés pour l’environnement et homologués pour différents usages selon les pays et les saisons. Dès lors, il s’avère essentiel de savoir comment choisir ses produits phytosanitaires.
À quoi servent les produits phytosanitaires ?
Les produits phytosanitaires sont utilisés en vue d’améliorer la production et leurs rendements. Certains garantissent la conservation des productions végétales, d’autres éliminent ou luttent contre les ravageurs susceptibles de détruire nos activités. Les autorités nationales compétentes délivrent des autorisation basées sur certains critères, comme les risques des produits pour la biodiversité, les risques pour l’être humain, ainsi que l’efficacité de leur protection et du rendement. Bien entendu, le rôle du client final est de toujours se renseigner auprès de spécialistes ou avec des sources fiables sur l’homologation des produits phytosanitaires. En effet, la personne ne doit pas négliger l’étiquette du produit et ses composants et mesurer les risques concernant l’usage et précautions lors de l’utilisation des produits Phytopharmaceutiques et chimiques.
Les différents types de produits phytosanitaires
Les produits phytosanitaires peuvent s’utiliser de façon curative ou préventive. Les agriculteurs peuvent traiter les semences dans le but de préserver leur production ou réguler celle-ci. Aussi, il est possible d’utiliser différents produits pour traiter et protéger les organismes végétaux :
- Des herbicides pour réduire les mauvaises herbes
- Des fongicides pour contrôler l’apparition des champignons sur les plantes
- Des adjuvants pour renforcer la protection des plantes
- Les oligo-éléments pour développer les cultures
- Les insecticides pour lutter contre les œufs d’insectes et larves.
Les produits phytosanitaires servent à exploiter ou au contraire réguler la production des cultures végétales dans notre société. Les produits agricoles sont d’une importance vitale pour les humains et les animaux. Par conséquent, certaines obligations quant à la manière de produire et aux choix des produits phytosanitaires s’imposent.
Les obligations juridiques des agriculteurs : le « registre phytosanitaire »
La surutilisation des produits phytosanitaires durant la période d’après-guerre dans le domaine de l’agriculture à causé certains dégâts sur notre environnement. Il devient primordial de prendre en considération ces actes historiques dans nos stratégies de production d’aujourd’hui et de demain afin de prendre soin de notre environnement : l’eau, l’air et le sol. En l’occurrence, l’arrêté du 16 juin 2009 ou le “registre phytosanitaire”, mentionne en l’espèce que tout agriculteur se doit d’enregistrer les applications phytosanitaires effectuées sur son exploitation, afin de favoriser la traçabilité des produits et le contrôle. Les supports d’enregistrement sont multiples : papier, version digitale… Les données doivent être disponibles pour les administrations chargées de ce type de contrôle durant 5 ans à compter de la dernière information enregistrée. En ces circonstances, les organismes auront besoin des informations suivantes:
- Les coordonnées GPS ou RPG (identité de la parcelle)
- Le type de culture et les variétés (précision de la présence OGM ou non)
- Apparition d’organismes nuisibles ou maladies susceptibles d’affecter la santé des êtres vivants (Si c’est le cas, préciser le nom du nuisible ou de la maladie, la date du traitement, la date de remis en pâture après traitement, le nom des produits utilisés, la dose utilisée, la date de récolte en cas de cession de la parcelle et l’adresse du destinataire)
- Les résultats d’analyses qui comportent des risques pour la santé des êtres humains et animaux
Un point d’honneur est mis sur les produits “CMR” qui peuvent entraîner des effets secondaires indésirables sur le long terme. Dès que l’économie de la parcelle tourne assez bien, il est important de remplacer les produits CMR par des produits moins nocifs. Certains produits peuvent entraîner des cancers et risques associés (H350-H351), des altérations génétiques héréditaires (H340-H341), ou encore, altérer la fertilité ou causer des malformations chez le foetus (H360-H361).
Comment choisir ses équipements de protection individuelle ?
Les produits phytosanitaires peuvent avoir un impact grave sur votre santé. Le port d’E.P.I. est vivement conseillé lors des différentes étapes :
- transport
- stockage
- préparation
- application
- nettoyage du matériel.
En effet, chaque produit phytosanitaire comporte des risques pour la santé et seule la lecture de l’étiquette ou de la fiche de données de sécurité permettra d’adapter l’équipement aux risques. Il existe deux grands risques à éviter :
- Risques de contamination par voie cutanée : le contact avec la peau représente près de 70% des risques de contamination. Il est conseillé de porter :
- Des gants en nitrile ou en néoprène identifiés par le sigle CE et le logo (norme EN 374-3)
- Une combinaison étanche (dans l’idéal type 3 ou 4 minimum)
- Des bottes (norme EN 13832).
- Risques de contamination par inhalation : Cela peut être très dangereux si le local phytosanitaire n’est pas correctement ventilé. Dans ce cas et en fonction du risque, il est conseillé de porter :
- Un demi-masque jetable (certifié EN 149)
- Des lunettes-masques de protection, étanches (EN 146 CE sigle 3)
- Un masque panoramique (norme EN 166)
- Un masque complet à ventilation assistée
- des cartouches filtrantes à charbon actif de type A2 P3.
L’utilisation de ces protections dépend entièrement des produits utilisés dans le système de production. C’est la raison pour laquelle il est impératif de lire les étiquettes produits.
Effectivement, c’est le réflexe qu’on devrait tous adopter car tout est inscrit sur les étiquettes des produits. Les informations sont présentes sur l’emballage et dans le livret situé à l’intérieur de l’emballage. Depuis juin 2015, les nouveaux produits disposent de nouveaux symboles traduisant la dangerosité de celui-ci. Les pictogrammes sont des losanges avec une bordure rouge sur un fond blanc.
Les autres critères de choix d’un produit phytosanitaire
Le choix d’un produit phytosanitaire n’est pas seulement fait en fonction du besoin et de son étiquette. En effet, il existe d’autres réglementations qui viennent compléter la sélection de ces produits :
- Le Délai Avant Récolte (DAR) qui indique le nombre de jours à respecter entre le traitement et la récolte (sur l’étiquette). Le délai avant récolte minimum est de 3 jours pour la plupart des produits
- Les Zones Non Traitées (ZNT) qui permettent d’éviter contamination des cours d’eau allant de 5 à 100 mètres
- La protection des abeilles et autres insectes pollinisateurs. Protéger ces animaux, c’est maintenir la biodiversité. Par conséquent, il est interdit d’appliquer un quelconque insecticide ou acaricide en période de floraison
- Le choix du délai de rentrée car les produits phytosanitaires peuvent rester actifs de plusieurs heures à plusieurs jours. Ce délai permet de protéger la santé des personnes travaillant dans ces parcelles. Depuis le 4 mai 2017, chaque produit contient un délai de rentrée dans les parcelles en fonction de sa dangerosité. Le minimum est de 6 heures pour les cultures en milieu ouvert, 8 heures pour les culture en milieu fermé, 24 heures Après toute application de produit comportant une des phrases de risques suivantes : R36, R38 et/ou R41 (ancienne nomenclature) H315, H318 ou H319 (nouvelle nomenclature), et enfin, 48 heures Après toute application de produit comportant les phrases de risques R42 et/ou R43 (ancienne nomenclature) H317, H334, H340, H341, H350, H351, H360F, H360D, H360FD, H360Fd, H360Df, H361f, H361d, H361fd ou H362 (nouvelle nomenclature).
Les grandes cultures ont souvent recours aux produits phytosanitaires dans un souci de rendement, mais, il existe différentes méthodes avec une présence plus ou moins forte et nocive de ces produits. En particulier, l’agriculture biologique, un mode de production respectueux de la biodiversité, qui utilise des produits, certes naturels, mais qui sont aussi des produits phytosanitaires.
Utiliser d’autres méthodes que les pesticides
Dans le cadre de la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires, la France a développé le plan “Ecophyto” qui consiste à créer un réseau d’acquisition de références et de démonstration sous forme de “fermes Ecophyto”. On compte aujourd’hui plus de 3000 exploitations volontaires qui permettent de tester et partager de nouvelles méthodes de production pour réduire l’usage de produits phytosanitaires. Ce plan a donné naissance à Ecophyto 2 qui accompagne 30 000 exploitations vers une transition agroécologique. Les conseillers assistent les agriculteurs de la production aux résultats. Les professionnels du secteur agricole ont l’obligation de passer leur Certification Individuelle Phytosanitaire dit “Certiphyto” pour tous les utilisateurs de produits phytopharmaceutiques, ainsi que pour les distributeurs de produits phytosanitaires. Ce certificat est délivré à la suite d’une formation appropriée à la réduction et à la sécurisation de l’utilisation des pesticides.
Quand on se penche sur le sujet, on remarque que les techniques alternatives au produits phytosanitaires sont nombreuses. Les résultats semblent moins efficaces à court terme, mais s’avèrent faire la différence à moyen et long terme. Pour que ce type de techniques soit efficace, il faut les combiner à différents systèmes de cultures qui réduisent les risques de propagation des bio-agresseurs. voici certaines pratiques alternatives :
- La rotation des culture : une pratique qui date du Moyen-Âge (Assolement) qui consiste à cultiver des familles de plantes différentes sur la même parcelle
- Réaliser un faux-semis : préparer les sols pour laisser germer les graines des mauvaises herbes, puis les détruire avant le semis
- Construire un couvert végétal : permettre d’améliorer la fertilité des sols et diminuer les adventices dans la culture suivante
- Retarder le semis : Les herbicides d’automne sont sujets au lessivage. Retarder le semis permet de réduire les externalités négatives sur l’environnement
- La prophylaxie : pratique pour limiter la propagation des maladies et des ravageurs
- Le travail mécanique du sol : ou le “contrôle des mauvaises herbes”, une technique connue de l’agriculture biologique
- Enherber ses cultures : Mettre des espèces préalablement choisies pour faire de la concurrence
- Le paillage ou Mulch : technique permettant de limiter le développement des adventices et de certains champignons en les privant de lumière
- Le filet protecteur : Cette technique remplace l’insecticide et empêche les papillon d’atteindre les fruits (ex: les pommiers)
- Cultiver des variétés résistantes : avec des plantes plus résistantes aux maladies
- La biodiversité fonctionnelle : attirer, héberger, nourrir les insectes auxiliaires indigènes autour des cultures pour participer au maintien des populations de ravageurs sous le seuil de nuisibilité économique.
Passer à une production bio
L’agriculture biologique, c’est un mode de production plus respectueux de l’environnement et du bien-être animal et humain. Ce type de culture repose sur plusieurs principes :
- Maintenir la fertilité des sols pour nourrir les plantes
- Interdire l’usage des produits chimiques de synthèse comme le Glyphosate
- Utiliser les produits naturels
- Développer un écosystème diversifié
- Interdire les OGM.
L’objectif principal de l’agriculture biologique est de limiter l’utilisation des ressources non renouvelables dans une production. Pour cela, il existe une période de transition appelée la “conversion” pendant laquelle le système de production se modifie pour laisser place à la nouvelle technique de production. Durant cette période, le professionnel ne doit pas commercialiser ses produits sous la mention AB. En effet, la prise en compte de la mention ne peut s’effectuer qu’à partir de la fin de la récolte annuelle et de la 4ème récolte en cultures pérennes.
Comment utiliser le bio-contrôle ?
Si l’agriculture biologique reste une définition globale de la nouvelle agriculture qui se décline en différents types de productions, comme le bio-contrôle. Celui-ci est basé sur le recours à des organismes vivants ou des substances naturelles dans les cultures. Cette stratégie 100% naturelle est essentielle à la production bio.
Il existe 2 grandes catégories de produits de biocontrôle :
- Les macro-organismes : Invertébrés, insectes, acariens ou nématodes. Des organismes qui se nourrissent des ravageurs des cultures
- Les produits phytopharmaceutiques
- Les médiateurs chimiques : Les phéromones, connues depuis longtemps des viticulteurs et des arboriculteurs, permettent le contrôle des populations par la méthode de confusion sexuelle
- Les micro-organismes : Virus, bactéries ou champignons, ils sont utilisés pour protéger les cultures contre les ravageurs et les maladies
- Les substances naturelles : D’origine végétale, animale ou minérale, elles sont présentes dans le milieu naturel.