Mon Beau Terroir

Échange avec Thomas, cofondateur de Mon Beau Terroir. Thomas évoque son activité et plus généralement le secteur de « l’agritourisme ».

Bonjour Thomas, pourriez-vous nous expliquer l’objectif de Mon Beau Terroir en quelques mots ?

Mon Beau Terroir est une plateforme dédiée à l’agritourisme et créée autour de deux objectifs :

  1. Permettre à des visiteurs d’accéder à une offre d’agritourisme structurée et de réserver facilement une visite-dégustation chez des producteurs locaux, le tout avec la garantie d’une visite et d’un échange de qualité avec les producteurs.
  2. Simplifier la gestion des visites pour les producteurs en leur permettant de recevoir des visiteurs (particuliers ou groupes type séminaires, CE…) sur leur exploitation, quand ça les arrange et en étant rémunérés car leur temps a de la valeur. Mon Beau Terroir les décharge d’une grande partie des points qui peuvent être perçus comme rébarbatifs voire les freiner dans le développement de cette activité (communication, site web, gestion des réservations, des paiements aspects administratifs, …).
Comment as-tu eu l’idée de monter Mon Beau Terroir ?

L’idée vient de mon associé Antoine et est issue d’un constat commun. Nous sommes tous les deux issus de cursus agricoles. Nous nous retrouvions souvent à organiser des visites dans des vignobles, des fermes pour des amis. En particulier, j’ai habité plusieurs années à Bordeaux et j’organisais souvent des visites de vignobles. A l’époque, il y a 4 ou 5 ans, les moyens de trouver les Châteaux ouverts se limitaient à des listes annuaires sur les sites d’offices de tourisme. Il fallait alors appeler un par un les domaines pour tenter de réserver une visite. Et côté producteurs, si un certain nombre propose déjà des visites de leurs exploitations généralement ils manquent de visibilité. Certains Offices du tourisme ont pris de l’avance, et mettent déjà bien en avant ce type de visites mais l’offre globale  d’agritourisme n’en demeure pas moins peu structurée et difficile d’accès pour un visiteur, alors même qu’il y a de la demande. Les touristes cherchent du contact humain, et authentique, et veulent redécouvrir le patrimoine local. L’agriculture en fait partie !

Quels types de « producteurs » ciblez-vous ?

Nous sommes sur une verticale Agritourisme au sens large, qui comprend l’Oenotourisme (on commence également à parler de « spiritourisme » pour tout ce qui touche aux Spiritueux). De notre côté nous ciblons des producteurs qui produisent et qui dans bons nombres de cas assurent une première transformation (ou du moins qui ont des produits à faire déguster). On retrouve sur Mon Beau Terroir par exemple des éleveurs d’escargots, de chèvres ou de vaches, des producteurs d’herbes aromatiques, de fleurs, de safran, des paysans boulangers, des fermes urbaines, mais aussi des producteurs d’huîtres, des pêcheurs, etc. Nous souhaitions emmener les gens déguster des produits locaux directement chez leurs producteurs. 

Comment vous êtes-vous rencontrés avec Antoine ?

Antoine est diplômé l’ISARA à Lyon et moi de l’Agro de Paris. Nous nous sommes rencontrés dans la Marine Nationale au cours d’une année de volontariat comme officier. Nous étions les 2 « agros » de notre promotion à l’Ecole Navale. Nous avons gardé contact, et connaissions notre passion mutuelle pour les bon produits et le monde agricole. Antoine m’a appelé pour savoir ce que je pensais de son idée de projet . Je l’ai rejoint peu après.

Comment avez-vous démarré Mon Beau Terroir ?

Nous avons démarré à l’été 2016 par un test autour de Grenoble avec entre 5 et 10 producteurs. J’ai rejoint Antoine début 2017. Nous avons alors lancé un test grandeur nature sur deux zones : une première en région Rhones-Alpes autour de Grenoble, Annecy, Chambéry ainsi qu’entre Lyon et Macon, et une seconde autour de Nantes, région où je vis. L’objectif était de tester deux bassins agricoles et touristiques différents pour analyser les différences de résultats. Depuis début 2018, l’objectif est maintenant de s’ouvrir au national. Nous commençons à référencer des producteurs sur tout le territoire.

Comment se compose l’équipe ?

Matthieu, un de nos associés nous consacre beaucoup de temps et nous avons également le renfort de stagiaires sur la partie référencement des producteurs et gestion de la communauté de visiteurs.

Concrètement, quelles offres proposez-vous à des visiteurs ?

Nous encourageons les producteurs à proposer deux types de formule :

  • Une formule « Dégustation » d’1h / 1h30 particulièrement adaptée pour les familles
  • Une formule « Expérience de terroir » de quelques heures à 1/2 voire une journée, où nous invitons les producteurs à proposer des expériences plus longues et plus immersives (fabrication de fromage, récolte du miel, du safran, fabrication de tisane, nuit en alpage, etc)

Mon Beau Terroir s’adresse à deux types de public :

  • Le grand public avec des groupes souhaitant découvrir un savoir faire, des produits, …
  • Des entreprises qui souhaitent organiser des journées cohésion qui s’éloignent du paintball et karting traditionnels
Parvenez-vous facilement à référencer des producteurs sur votre site ?

Au début nous avons bien sûr dû faire beaucoup de terrain avec Antoine. Nous sommes allés sur des marchés de producteurs, etc à la rencontre des producteurs. Aujourd’hui nous continuons à contacter des producteurs mais nous avançons aussi avec des organismes qui fédèrent des producteurs et sommes également contacté en direct par certains maintenant que nous commençons à nous faire connaitre.

Cette activité complémentaire est un vrai choix de diversification pour les producteurs. Cela requiert du temps et ne se prête pas à tout le monde, et il faut avoir des choses à montrer et être organisé pour (sans que cela soit une règle absolue, on observe plutôt des structures gérées en couple ou par plusieurs associés). Ces producteurs doivent se dire qu’ils se lancent dans l’agritourisme et que cela devient une partie de leur activité. Mais nous sommes à leurs cotés et faisons en sorte que sur ce temps dédié par les producteurs à l’agritourisme l’essentiel soit consacré à la visite, nous nous occupons de tout le reste. Avec Mon Beau Terroir, les producteurs n’ont pratiquement qu’à confirmer les demandes et à réaliser les visites.

Quels sont les retours des producteurs qui ont réalisé de premières visites via Mon Beau Terroir ?

Certains aspects sont bien évidemment à améliorer mais globalement les retours sont positifs. Les producteurs se génèrent des revenus complémentaires pour un investissement nul hormis du temps. Si nous nous sommes lancés sur ce créneaux c’est que nous ressentions ce besoin et cette envie des producteurs de diversifier leur activité et leurs sources de revenus.

C’est également une profession qui a besoin de reconnaissance. N’oublions pas que ce sont les producteurs qui nous nourrissent au quotidien. Chacun d’entre nous, nous faisons appel à eux 3 fois par jour ! Ces visites permettent aux producteurs de valoriser leur savoir-faire et créent du lien et des échanges sociaux et conviviaux, c’est forcément plaisant ! Cela permet une transmission de savoir et une éducation des visiteurs aux produits de qualité.

Un visiteur ayant réalisé une visite-dégustation grâce à Mon Beau Terroir me confiait récemment qu’elle ne se rendait pas compte de la quantité de travail derrière ce fromage qu’elle avait dégusté… une révélation !

Un mot peut-être pour conclure ?

Nous sommes une « marketplace » et avons donc une problématique double. Nous mettons autant d’énergie à développer l’offre et la demande. Il y a de plus en plus de demande pour un tourisme différent : plus local, plus humain, … Les gens cherchent de plus en plus cela. L’agritourisme est un pan de ce tourisme plus responsable et authentique où l’on revalorise des savoir-faire et une filière qui intéresse les gens. Les visiteurs ont souvent une certaine fascination pour le monde agricole mais paradoxalement le monde agricole leur parait parfois impénétrable ou difficile d’accès. L’objectif de Mon Beau terroir est de recréer du lien et d’amener la ville à la campagne pour faire vivre aux gens de belles expériences.

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