Entretien avec Jonathan, co-fondateur de SAMSYS, une startup concevant des compteurs connectés pour le machinisme agricole. Jonathan décrit son activité et son parcours ainsi que celui de ses associés.
Bonjour Jonathan, pourrais-tu décrire en quelques mots l’origine et l’activité de SAMSYS ?
SAMSYS (pour « Sustainable Agriculture Machine SYStem) est une société spécialisée dans tout ce qui est objet connecté pour le machinisme agricole. Nous sommes trois associés à l’avoir créée : Olivier Guille, fils d’agriculteur, Romain Tribout et moi-même, Jonathan Lomel. C’était en juin 2017, il y a bientôt un an maintenant.
Nous avions remarqué que les charges de mécanisation des agriculteurs (achat de matériels, gasoil, maintenance, …) représentaient entre 25 et 30% des charges d’exploitation et qu’en parallèle, les agriculteurs disposaient de très peu de moyens pour évaluer le coût de leur matériel. Nous avons donc créé SAMSYS avec pour objectif ultime d’optimiser les charges des agriculteurs. Nous cherchons aujourd’hui dans un premier temps à évaluer les coûts et la rentabilité de chacun des postes de dépense. Nous ciblons l’ensemble des acteurs gravitant autour de ce domaine : agriculteurs, coopératives (CUMA), concessionnaires et constructeurs. Aujourd’hui, les machines agricoles sont en effet de plus en plus partagées au sein de CUMA. Là où des tracteurs fonctionnaient environ 300 heures par an il y a quelques temps, ce chiffre a considérablement augmenté aujourd’hui. Il y a donc de plus en plus de pannes liées à une surexploitation des machines agricoles. Ces pannes peuvent impacter plusieurs agriculteurs, mais aussi un certain nombre d’hectares, avec les pertes d’argent que l’on imagine… Il faut donc être réactif le plus vite possible. Et les solutions SAMSYS le permettent.
Quel est ton parcours, ainsi que celui de tes deux cofondateurs ?
Nous sommes tous les trois originaires du Nord et diplômés de l’ISEN (Ecole d’Ingénieurs des Hautes Technologies et du Numérique). Après nos études, chacun est parti dans un domaine différent : Olivier chez un équipementier agricole sur des sujets de R&D en électronique, Romain dans un centre de R&D à Lille spécialisé en IoT et moi en milieu industriel chez Alstom, dans le ferroviaire, en tant que responsable validation des systèmes embarqués des trains.
Nous nous voyions régulièrement dans la ferme des parents d’Olivier pour bricoler. A un moment nous nous sommes dits que cela ne ne couterait rien de nous lancer. L’incubateur lillois Euratechnologies proposait pas mal de choses. Nous avons postulé, avons été pris et l’aventure a ainsi commencé.
Vous êtes donc basés à Lille, au sein d’Euratechnologies ?
Nous sommes basés à Lille oui, mais avec également une antenne à Châteaudun en Eure-et Loire. Nous avons été incubés au sein d’Euratechnologies mais nous sommes également présents à Châteaudun au sein du Campus « Les champs du Possible ». Être présent à Châteaudun est intéressant pour nous car il s’agit d’un incubateur tourné vers l’agriculture, et qui dispose d’une ferme expérimentale. Nous avons en particulier pu effectuer des tests sur de vraies machines, au contact d’agriculteurs.
Concrètement, comment fonctionnent vos objets connectés ?
Nous proposons un petit objet autonome que l’on vient poser sur n’importe quelle machine agricole. De base, il s’agit d’un boîtier qui ne nécessite pas de branchement à la machine et qui permet d’enregistrer le nombre d’hectares travaillés, le temps, la distance parcourue ou encore les vibrations de la machine. Nous sommes ensuite capables de personnaliser le boîtier afin de récupérer d’autres informations comme le nombre de ballots de paille ou le nombre d’épandeurs dans un champ. Nous sommes enfin capables de brancher le boîtier à la machine et de remonter des données internes comme la consommation de gasoil et des informations sur le fonctionnement du moteur. Ces données précises vont permettre d’évaluer le coûts d’utilisation de la machine.
L’ensemble des données sont envoyées sur un site internet où l’agriculteur pourra bénéficier d’un véritable assistant pour la gestion de ses machines. Il trouvera ainsi des données d’entretien de ses machines, leur localisation, etc. Pour les CUMA, par exemple, nous réalisons une répartition des charges automatiquement. Aujourd’hui, tout est référencé sur des carnets papiers, difficile de réaliser cela rapidement ! Nous alertons également l’agriculteur en cas de choc, de vol, de vitesse excessive. Ces informations sont notamment pratiques pour s’assurer de la bonne utilisation du matériel en cas de partage. Nous mettons aussi à disposition de nos clients un planning pour leur faciliter la réservation de matériel.
Les données de gasoil permettent aussi de sensibiliser l’agriculteur à sa consommation. Nous mettons en avant les données invisibles des machines.
Comment sont remontées ces données à votre site internet ?
Ces données sont remontées sans-fil, par les mêmes réseaux que ceux utilisés pour le téléphone. Le boîtier est totalement autonome et est muni d’une batterie interne.
Comment vous répartissez vous la tâche entre les trois cofondateurs ?
Nous sommes tous les trois issus du milieu technique, mais nous sommes tous les trois très complémentaires. Olivier se concentre sur la partie Hardware, Romain sur l’architecture et le back-office technique et moi sur la partie visible du site d’une part et sur les sujets administratifs, financiers et communication d’autre part. Nous gérons tous les trois par ailleurs des prospects et des clients.
Comment identifiez-vous vos clients justement ?
Nous sommes allés dans de nombreux salons l’an dernier, notamment ceux tournés vers le machinisme agricole. Cela nous a permis d’obtenir des contacts. Nous réalisons également de la prospection téléphonique. Au début nous nous sommes concentrés sur le nord de la France, et nous allions rencontrer les gens. Aujourd’hui, nos clients sont sur toute la France. Et, nous avons eu nos premiers contacts avec des potentiels clients à l’étranger. Le milieu agricole fonctionne beaucoup au bouche à oreille. Nous voyons donc des agriculteurs nous appeler aujourd’hui parce qu’ils ont eu echo de notre solution par nos précédents clients. Nous sommes aujourd’hui victime de notre succès, et nos stocks s’écoulent très rapidement. Nous réaliserons une nouvelle version de notre boîtier en fin d’année.
Un mot pour conclure ?
Toute notre solution est développée en interne. Nous maîtrisons totalement notre produit. Dès que l’on identifie un nouveau besoin client nous sommes capables de nous adapter. C’est un point très important pour nous et pour nos clients.