Rencontre avec Anaëlle, responsable des animations au sein de l’Association V’île Fertile
Bonjour Anaëlle, pourriez-vous nous expliquer ce qu’est V’île Fertile ?
V’île Fertile est une ferme urbaine maraîchère participative qui valorise les déchets organiques urbains. L’association fait pousser des légumes dans le Bois de Vincennes en compostant les invendus du marché de Nogent-sur-Marne ou encore le fumier du Centre équestre de Joinville-le-Pont.
Tous les produits sont de saison. Nous faisons pousser des tomates, des courgettes, des salades, radis, blettes, choux, carottes, navets ou encore des champignons. Nous cultivons des légumes différents afin de diversifier la production et effectuer des rotations sur notre parcelle.
Nous sommes situés dans le jardin d’agronomie tropicale du Bois de Vincennes. L’Association gère 650 m² de cultures ainsi qu’une serre de 160 m².
Combien de personnes participent aujourd’hui à l’association ?
Nous sommes une trentaine d’adhérents, environ une vingtaine d’actifs. Il y a tous les profils d’adhérents, ce sont des bénévoles qui gèrent la production. Je suis pour ma part salariée de l’association en charge des animations. Parallèlement à toute l’activité de production et de vente de légumes, je développe des activités pédagogiques, des team building pour entreprises, … Je suis la seule salariée aujourd’hui, et nous allons sans doute recruter un volontaire en service civique qui interviendra également sur les animations.
Comment est née l’idée de V’île Fertile initialement ?
A la base c’est un petit groupe de personnes qui a répondu à un appel à projets de la Ville de Paris intitulé « Végétalisations innovantes » et lancé en 2013. L’appel à projets concernait à l’époque un autre terrain dans Paris. Le projet a plu et a été retenu mais pas pour le terrain ciblé initialement. L’Association s’est vu proposer le terrain qu’elle occupe maintenant et qui était complètement inoccupé. C’était en 2014.
Comment sont vendus les légumes produits par l’Association ?
Nos légumes sont vendus sur place le week-end et les jours fériés de 15h à 17h. Ce sont des promeneurs qui achètent (nous sommes dans un parc public de la mairie de paris). Certaines personnes viennent exprès maintenant qu’elles nous connaissent.
Quels sont les avantages à valoriser les déchets organiques urbains ?
Il y a beaucoup d’avantages. Les déchets organiques sont la plupart du temps incinérés, ce qui génère des émissions de gaz à effets de serre. A notre échelle, nous réduisons la quantité de déchets produits en valorisant cette matière : au lieu de les incinérer nous les utilisons comme engrais organique pour nos cultures.
Disposez-vous du label Bio pour l’Association ?
Nous n’avons pas le label Bio, qui nous coûterait trop cher. En revanche nous suivons au mieux les cahiers des charges du Bio et promouvons une agriculture écologique dite « bio-intensive ». Cette forme de culture est inspirée notamment d’un maraîcher québecois : Jean-Martin Fortier, et également d’un américain qui s’appelle Eliot Coleman. Eux-mêmes se sont inspirés des maraîchers parisiens du 19ème siècle. Il y a 100 ans il y avait de nombreux maraîchers à Paris. C’était tout à fait « normal » à l’époque. Ils atteignaient un nombre de rotations énorme : jusqu’à 8 rotations dans l’année. La signification de « bio-intensif” est double : « Bio » indique que nous suivons les cahiers des charges du Bio et « intensif » signifie que nous densifions les cultures dans le temps et dans l’espace. En effet, le travail manuel, non mécanisé, permet de densifier les rangs et nous essayons de valoriser au mieux la surface cultivée par de nombreuses successions de cultures au cours de l’année.
Lorsque vous organisez des animations au sein de V’île Fertile, les participants aident-ils à la production ?
Pendant les team building par exemple, les participants ont bien sûr envie de participer à la ferme. Nous les initions au maraîchage, leur expliquons comment travailler le sol, etc. J’accueille des groupes scolaires aussi, auxquels je fais découvrir les principes de l’agriculture écologique. Pendant les animations on donc peut participer à la production. C’est à ce moment-là que nos activités d’animation et de production se croisent.
Quelles sont vos interactions avec la Ville de Paris ?
La Ville de Paris nous suit d’assez près, on est sur leur terrain ! Il est de leur responsabilité de savoir ce que nous faisons. Maintenant que nous sommes bien installés et que la machine est en rythme de croisière, les interactions sont moins fréquentes. Parfois nous demandons l’autorisation pour faire quelques aménagements sur le terrain. La Mairie de Paris s’intéresse à l’agriculture urbaine : elle maintient par exemple la Ferme de Paris, dans le bois de Vincennes également. Il existe aussi d’autres associations dans ce domaine aujourd’hui, comme Veni Verdi, Vergers Urbains….
Quelles sont les perspectives de V’île Fertile pour la suite ?
Nous sommes en réflexion pour essayer l’hydroponie. Nous avons une convention d’occupation du terrain d’une durée de 3 ans. Nous l’avons renouvelée l’an dernier, et nous redemanderons le renouvellement fin 2019. Nous aimerions évidemment rester afin de maintenir nos activités actuelles et celle en développement que je viens de citer. Ce qui est sûr, c’est que l’agriculture urbaine a de beaux jours devant elle !