Château Bragelone

Entretien avec Emilie, propriétaire du Château Bragelone avec son mari Nicolas. Emilie décrit leur activité ainsi que leur parcours à tous les deux.

Pourriez-vous décrire en quelques mots votre exploitation (date de création, localisation, superficie,vins produits, mode de production et de commercialisation des vins, …) ?

Je me suis d’abord installée seule en 2013 sur 4.5ha (mon mari a conservé son emploi jusqu’en 2016). Nous nous situons sur la commune de Salignac à 7 km de Saint-André de Cubzac. Chaque année, notre exploitation a grandi. Nous sommes passés de 8 Ha en 2014, à 12 Ha en 2015 pour maintenant récolter 22 Ha. Etant donné que nous nous n’avons pas hérité de vignoble, notre famille n’étant pas du tout du milieu viticole, nous avons fait un emprunt pour acquérir nos 2 premiers Ha, et nous avons pris le reste en fermage. Beaucoup de notre vignoble est d’ailleurs encore en fermage. Se lancer comme ça dans la vinification et surtout la vente de toute notre production étant impossible alors que nous n’avions même pas de chai, nous avons cherché une cave coopérative avec qui on pouvait travailler en confiance. Nous avons donc choisi les « Vignerons de Tutiac » à qui nous vendons environ 90% de notre production. En 2014, après avoir acheté une maison d’habitation avec un chai attenant, nous avons vinifié notre première cuvée ! Seulement 2000 bouteilles pour ce premier millésime de Château Bragelone, Bordeaux Supérieur rouge.

En 2015, nous avons également créé une cuvée haut de gamme, toujours dans des quantités restreintes. Puis en 2016, un Bordeaux blanc et un Bordeaux rosé sont venu compléter la gamme. Mais nous avons subi de plein fouet le gel d’avril 2017 qui nous a empêché de faire du vin. Heureusement, l’année 2018 promet d’être une belle année.

Nous menons notre vignoble avec un grand respect de l’environnement, en limitant les produits chimiques, voir en les bannissant, et notamment en faisant de l’agroforesterie en plein cœur de nos vignes ou encore en faisant certains travaux du sol au cheval. Pour le moment, nous avons fait le choix de ne pas demander le label « bio », mais nous envisageons de le faire au moins sur la partie que nous vinifions nous-même.

Comme nous produisons très peu de bouteilles (moins de 10 000 bouteilles toutes couleurs confondues), nous les vendons surtout aux particuliers grâce au bouche à oreille, mais également dans des caves à Paris, et en Belgique.

Quels sont vos parcours professionnel à tous les deux (Emilie et Nicolas) ? Qu’est-ce qui vous a décidé à vous installer ?

J’ai  fait mes études au lycée agricole de Saint-Emilion, avec un Bac STPA (Sciences et Technologie des Produits Agro-alimentaires) et un BTS Technico-commerciale des boissons, vins et spiritueux. Mon mari lui a passé un Bac Pro au lycée viticole de La Tour Blanche, puis un BTS Viticulture-Œnologie au lycée de Blanquefort. Il avait pour but depuis le début de créer sa propre exploitation et devenir viticulteur. Il m’a embarqué dans cette aventure. C’est d’ailleurs moi qui me suis installée la première car il avait un bon salaire qui permettait de commencer notre projet et de subvenir à nos besoins. Il m’a rejoint en 2017.

Vous avez lancé une campagne de financement participatif. Pourriez-vous décrire votre projet de développement de votre domaine en agroforesterie ?

C’est après ce fameux gel d’avril 2017 qui a détruit tout notre vignoble et ceux de nos collègues que nous nous sommes lancés dans ce projet, même si on se documentais déjà depuis longtemps sur le sujet. Depuis plusieurs décennies maintenant, pour des raisons économiques surtout, les arbres, haies … ont été supprimées des paysages agricoles pour gagner en surfaces et praticités avec les tracteurs. Nous en subissons maintenant les conséquences : perte de biodiversité, érosion du sol, attaque d’insectes et de maladies plus importantes, écart de températures… L’arbre permet de réguler tout ce que je viens de citer. La température est plus régulière lorsqu’il y a de la verdure, les arbres font barrage au vent et ramène des animaux et des insectes qui se nourrissent de certains ravageurs qui attaquent la vigne. Leurs racines protègent de l’érosion, nourrissent et aèrent le sol… Je pourrais continuer encore longtemps tant il y a d’avantage à replanter et développer l’agroforesterie dans nos cultures.

Quel est l’impact de l’agroforesterie sur vos cuvées ? Est-ce que le goût de vos vins évoluera ?

Nous le savons tous maintenant que ramener les arbres dans nos fermes est très bénéfique, mais je pourrais vous dire si cela a changé quelque chose à nos vins que dans quelques années, car nous venons juste de commencer… Nous commencerons à récolter les premiers raisins de l’agroforesterie que dans 4 ans. Mais je suis convaincue que cela ne peut qu’être bénéfique car l’environnement dans lequel va pousser ce raisin sera riche et en pleine santé, donc il le sera aussi !

Y a-t-il un dernier sujet que vous souhaiteriez aborder et qui caractérise votre Domaine ou votre activité ?

Peut-être que nous sommes tout petit et que le seule prétention que nous avons est de faire le métier que l’on aime tout en rendant notre environnement meilleur à notre niveau. Nous faisons ce financement participatif car nous avons gagné la concours « Arbres d’Avenir », ce qui nous a permis de le faire. Mais, quoi qu’il arrive, nous ne sommes pas là pour faire de la « com » car même si nous ne prétendons pas gagner des milles et des cents, nous réaliserons notre projet comme nous le souhaitons.

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