Entretien avec Monique, productrice de divers produits à base de plantes médicinales et de foin. Monique décrit son activité et son parcours.
Bonjour Monique, pourriez-vous décrire votre activité en quelques mots ?
De façon générale, l’activité tourne principalement autour de la récolte de plantes sauvages médicinales. Je ramasse de la récolte sauvage et cultive très peu. 95% des produits que je réalise sont issus de récolte sauvage. Donc je transforme aussi chez moi. Je réalise des sachets de tisane que je vends dans différents magasins ou en dépôts. A côté de cela, j’ai développé cette gamme de produits au foin à base de foin du pré. C’est un foin qui est certifié bio et qui contient une herbe, la Cistre, qui est le fenouil des Alpes. C’est une plante d’altitude (elle ne pousse qu’au-dessus de 1000 mètres d’altitude). Nous en avons beaucoup par ici. C’est ce petit plus qui donne ce goût particulier à mon foin. De là est née l’idée de faire différents produits à base de foin (sirop, gelée, …). Cette année est née la liqueur de foin et j’ai d’autres produits que je suis en train de développer avec des partenaires (car je ne peux pas tout faire !).
Quel est votre parcours ? Avez-vous toujours eu cette activité ?
Non, j’ai un parcours un peu atypique. J’ai été élevée en Belgique et j’ai fait là-bas des études d’assistante en pharmacie. Il y avait alors pas mal d’herboristerie dans ce type d’études. L’herboristerie est encore bien utilisée en Belgique et c’est encore un diplôme très valorisé. Il y a 30 ans, il y avait encore une importante formation en pharmacie sur tout ce qui est botanique et herboristerie. Ensuite je me suis tournée vers l’art et la restauration de tableaux, toujours en Belgique. J’ai travaillé là-dedans jusqu’en 2014 où j’ai eu des soucis de santé. Il a fallu que j’envisage une reconversion professionnelle. C’est ce qui m’a ramené vers l’herboristerie. J’ai commencé à ramasser et petit petit à mon activité a pris une ampleur à laquelle je ne m’attendais pas.
Une ampleur à laquelle vous ne vous attendiez pas ? Votre activité marche donc comme vous le souhaitez ?
Cela marche très bien. Je ne me plains pas. A tel point que j’ai décidé de ne plus prendre de nouveaux clients au niveau des dépôts pour mes tisanes et mes ramassages de plantes sauvages. Je ne peux pas ramasser plus malgré les demandes additionnelles que je reçois. Je ne peux pas fournir tout le monde ! Je ne vends que ce que je ramasse. Je n’achète aucune plante. Ce sont toutes des plantes que je ramasse dans les environs. Ce qui garantit aux clients une qualité de plantes car je vis dans un environnement parfaitement sauvage.
Qu’est-ce qui vous a décidé à quitter la Belgique ?
C’est un concours de circonstances je vais dire. Je connaissais la région, j’avais des attaches ici, j’avais un cousin qui habitait là aussi. J’avais envie de changer de vie.
Vous avez lancé une campagne de financement, pourriez-vous dire quelques mots sur votre projet ?
L’objectif de cet campagne était de rassembler une certaine somme d’argent pour financer la sortie de la liqueur au foin. Je m’explique. Pour sortir cette liqueur, je travaille avec un partenaire qui me demandait de prendre une option pour 400 bouteilles. Ce partenaire m’aide aujourd’hui pour ce qui est réglementations autour de la vente d’alcool. Ce n’est pas que je n’avais pas forcément les finances mais disons que je ne voulais pas me mettre à sec pour sortir les 400 premières bouteilles. Le mieux était de prévoir ce financement qui m’a permis de pouvoir être plus souple.
Qu’aimez dans votre métier ? A l’inverse, y a-t-il des choses que vous aimez moins ?
Énormément de choses. Tout. C’est un choix. Je voulais avoir un métier qui me permettrait de pouvoir gérer mon temps et de gérer mes soucis de santé. Ce que j’apprécie énormément c’est par exemple lorsque je suis seule au milieu de nulle part. En vieillissant je deviens un peu « ours ». Cette solitude au milieu de la nature me plait énormément, surtout avec des journées comme aujourd’hui. Même si le mois de mai a été difficile pour le métier, tout était mouillé. Mais des jours comme aujourd’hui, je pars très tôt à la récolte car il fait très chaud sinon. C’est cela qui me plait le plus, pouvoir vivre dans cette nature qui me plait tant.
Ce que j’aime le moins est d’aller vendre. Je ne suis pas vendeur. J’ai du mal à vendre mes produits mais j’ai beaucoup de gens autour de moi qui font cela très bien.
Comment produisez-vous votre foin ? Y a-t-il une technique de transformation particulière ?
Le foin est dans le pré. D’ici une bonne semaine nous allons le faucher, le tourner, comme un foin normal. Sa seule spécificité c’est d’être dans une prairie de fauche depuis plus de 50 ans où la flore est de bonne qualité, c’est un bon terrain. Après je réalise des bottes de foin pour que je puisse les conserver l’hiver pour réaliser les différents produits.
Un mot pour conclure : y a-t-il un sujet que nous n’avons pas abordé et qui caractérise vous ou votre activité ?
C’est cette particularité de faire des produits au foin. Je ne suis pas la seule. Mais je cherche à développer des produits au foin. C’est un défi que je me lance. C’est mon côté farfelus qui me dit : « on va encore trouver des trucs à faire avec le foin » !