Entretien avec Jérémie, de la Treulerie. Jérémie évoque son parcours et celui de Fabien, son associé ainsi que leur activité de maraîchage biologique à tous les deux.
Pourriez-vous décrire en quelques mots votre activité agricole (type d’agriculture et de production, surface exploitée, …) ?
La Treulerie s’étend sur 9 hectares. Elle se compose de prairies permanentes, prairies temporaires, de surfaces dédiées au maraîchage diversifiées, arbres fruitiers, plantes aromatiques et petits fruits. La production principale est le maraîchage biologique sur 2 ha et 1500 m² de serre froide.
Vous êtes tous les deux (Jérémie et Fabien) originaire d’Ile de France. Pourriez-vous décrire votre parcours à tous les deux ? Qu’est-ce qui vous a poussé à vous installer ensemble ? Comment vous êtes-vous connus ?
Nous sommes tous les deux originaires du Val d’Oise, nous nous sommes rencontrés en BEP Vente Action Marchande en 1998 et nous avons eu des parcours différents après cette rencontre. Fabien a continué de son coté sur un Bac Pro commerce sur Grenoble et je (Jérémie) suis entré dans le monde du travail en région parisienne. Nos situations ne nous ont pas forcément plu. Nous avions toujours passé de bons moments ensemble et avions rêvé de projet agricole. En 2005, Fabien s’est lancé dans un BPREA au CFPPA de ST Ismier puis a enchaîné les saisons et les voyages. J’ai vivoté et travaillé dans le commerce alimentaire, chose que je fais toujours. En 2008, je me suis lancé dans le BPREA à la Réunion pendant que Fabien alternait voyage et saisons agricoles.
En 2013, j’ai décidé de m’installer. L’opportunité s’est présenté avec un ami d’enfance, Anthonin, propriétaire de la ferme. Fabien a continué de voyager mais s’est de plus en plus rapproché de mon projet, et l’envie de s’installer à trois a fait surface assez rapidement. En 2015, Fabien a effectué un stage parrainage au sein du GAEC et a réalisé 2 années en tant que salarié. Durant cette période, Anthonin s’est questionné sur son avenir dans l’agriculture. En 2018, il a décidé d’arrêter l’aventure et Fabien est naturellement devenu mon nouvel associé.
Votre production est biologique et votre travail non mécanisé. Pourquoi est-ce important pour vous ?
Nous créons un écosystème complexe (légumes diversifiés, plantes aromatiques, petits fruits, arbres fruitiers et d’ornement) où la nature se régénère d’elle même.
Nous effectuons sur la ferme deux modes de production biologique :
- Méthode classique : Travail de sol, plantation mécanisé ou semis, binage, récolte, tout en sol nu sur 1.3 ha de plein champ
- Méthode sol vivant : Pas de travail de sol, non mécanisé, sol toujours couvert (paille, engrais vert…) sur 1500 m² de serre et 6500 m² de plein champ.
La deuxième méthode a été pour nous une révélation, depuis que nous avons commencé ces techniques, nous avons pu nous rendre compte de l’évolution de la vie du sol. Nos cultures se portent mieux. Pas de maladie ni de ravageur. Ces techniques permettent l’économie d’eau, de pétrole et de préserver la biodiversité. Nous faisons parti du réseau maraichagesolvivant.org qui rassemble des paysans chercheurs qui expérimente dans leurs champs et partagent leurs connaissances pour aller vers des systèmes vivants : produire des aliments vivants sur un sol vivant pour une société humaine.
Pourriez-vous nous dire ce que vous aimez dans votre métier ? A l’inverse, y a-t-il des choses que vous aimez moins ?
Nous aimons ce métier pour tout ce qu’il représente. Tout d’abord, pouvoir nourrir et se nourrir de la terre sainement est pour nous primordial. Ce métier est gratifiant car nous passons par toutes les étapes de la graine à la récolte. Très diversifié donc pas de monotonie.
Vous avez lancé une campagne de financement. Pourriez-vous décrire votre projet ?
De plus en plus de futurs maraîchers sont attirés par les techniques alternatives tel que la permaculture et le maraîchage sur sol vivant. Notre but est de pouvoir transmettre au maximum notre façon de faire, pour qu’elle soit reproduite ailleurs. De ce fait, nous accueillons de plus en plus de monde sur la ferme, actuellement logé dans une partie prévu à cet effet mais un peu limité en terme de place et de confort. Nous avons donc fait appel au financement participatif pour aménager une nouvelle pièce d’accueil.
Un mot pour conclure : y a-t-il un élément qui caractérise vous ou votre ferme et que vous souhaiteriez évoquer ?
Nous sommes à un tournant de notre modèle agricole, de plus en plus de jeunes installés choisissent des filières alternatives ou biologiques. Nous voulons partager pour essaimer les techniques alternatives que nous pratiquons et qui pour nous, ont un avenir certain dans les pratiques agricoles de demain !
Les consommateurs veulent du sain, du bon et du lien !
Le Champ des Treuls, c’est nous mais c’est également Anthonin, Marion, Hélena, Emilie, François, Félix, tous les stagiaires, Wwoofers, et curieux d’un moment. Le Champ des Treuls c’est toi qui prends un instant pour nous lire et qui te dit « Chouette l’agriculture évolue, j’ai envie de supporter ça! »