Entretien avec Guillaume Soulères, Responsable offres et développement IoT chez Arteria : « Nous souhaitons que les territoires ruraux puissent également tirer profit des bénéfices permis par les dernières innovations technologiques »
Bonjour Guillaume, pourriez-vous décrire en quelques mots Arteria ?
Arteria est une filiale de RTE, le réseau de transport d’électricité, spécialisée dans les télécoms. Si RTE a pour mission de déployer et maintenir le réseau très haute tension, certaines infrastructures peuvent être utiles au développement du numérique dans les territoires.
Arteria a ainsi été créée en 2002 pour valoriser le patrimoine de fibres optiques de RTE dans un contexte de développement du haut débit dans les zones rurales.
Depuis, nos activités se sont étoffées pour mettre à profit les points hauts de RTE afin de résorber les zones blanches de téléphonie mobile, et plus récemment, pour le déploiement d’un réseau d’internet des objets avec la technologie LoRa®.
Qu’est-ce qui caractérise spécialement votre activité ? Quel est le rôle du digital dans votre entreprise ?
Arteria n’est pas un opérateur télécom classique, puisqu’une partie importante de nos clients se trouve en zones rurales, qui sont en général délaissées par les opérateurs traditionnels au profit des zones urbaines. Notre maison mère a dans ses missions l’aménagement des territoires, et c’est aussi inscrit dans l’ADN d’Arteria, à travers une dimension numérique.
Dans le cadre de notre offre liée à l’internet des objets, nous allons même plus loin que le métier d’opérateur télécom, en consolidant des solutions de bout-en-bout afin de répondre aux besoins de deux secteurs : l’agriculture et les collectivités locales. Ces offres packagées complémentent ainsi des offres plus classiques de connectivité et d’extension de réseau, pour des structures qui n’ont pas nécessairement le temps, la vocation, ou encore les ressources humaines pour intégrer des briques techniques.
Quels sont vos principaux produits ?
En matière agricole, c’est par notre activité « internet des objets » que nous intervenons. Il s’agit alors principalement de deux types de produits :
- Une offre « réseau», afin de fournir les briques techniques élémentaires comme une connectivité ou des extensions de couverture (installation de nouvelles antennes intérieures ou extérieures). Il s’agirait par exemple de couvrir le territoire d’une coopérative pour servir de multiples usages finaux.
- Des offres packagées « Easy Agri», dans lesquelles Arteria assemble à la fois le capteur, la connectivité, la plateforme de visualisation et d’alerte, et le support. L’idée est de proposer une solution clé en main pour répondre à un problème spécifique.
Quelles offres proposez-vous et comment commercialisez-vous vos solutions ?
Nos offres Easy Agri sont déclinées autour de cinq grandes familles de besoins, et reposent sur l’utilisation d’objets connectés variés. Toutes ces solutions fonctionnement à partir de capteurs sans fils autonomes en énergie, qui peuvent fonctionner sur batterie pendant plusieurs années :
- Météo et humidité des sols: station météo connectée, sonde de mesure d’humidité du sol ;
- Géolocalisation et suivi des matériels: géolocalisation par GPS, suivi du fonctionnement d’équipements électriques ;
- Détection d’intrusion et des vols: détection d’intrusion ou de présence, dans les bâtiments ou les tracteurs, détection de vol de carburant ;
- Supervision des bâtiments: suivi des constantes (température, hygrométrie), contrôle de la qualité de l’air (température, hygrométrie, CO2) ;
- Taux de remplissage et irrigation : mesure du niveau de liquide (eau, fioul…) dans un réservoir, vanne connectée.
Ces offres ne représentent néanmoins qu’un échantillon des possibilités permises par la technologie que nous déployons. Pour des besoins spécifiques, nous pouvons accompagner nos clients dans la sélection d’une solution technique adaptée à son contexte.
Quelle est la mission d’Arteria ? Quels sont les bénéfices apportés grâce à vos solutions ?
Nous souhaitons que les bénéfices permis par les dernières innovations technologiques ne soient pas réservés aux zones urbaines, mais que les territoires ruraux puissent également en tirer profit.
Dans le contexte agricole, ces bénéfices sont d’ordre financier (meilleur rendement, économies sur l’irrigation, la ventilation, le chauffage…) ou se traduisent par plus de confort pour l’exploitant, grâce à des économies de temps ou à la sérénité permise par la supervision de paramètres à distance.
Combien êtes-vous à travailler chez Arteria ? Qu’est-ce qui fait la force de votre équipe ?
L’équipe d’Arteria est composée de 15 personnes, avec des profils et des parcours variés allant de l’ingénieur télécom au diplômé de Sciences Po, en passant par la géomatique. Cette diversité est essentielle pour appréhender les différents angles du contexte d’un client.
Nous avons aussi la chance de pouvoir nous appuyer sur des partenaires solides, en premier lieu notre maison mère RTE dont nous mobilisons les équipes dans les territoires pour le déploiement de notre réseau. Il faut également évoquer Objenious, filiale de Bouygues Telecom, puisque nous nous appuyons sur leur réseau (plus de 4 300 sites) dans les zones déjà couvertes, ainsi que l’écosystème de start-ups La Ferme Digitale que nous avons rejoint au début de l’année 2019.
En ce qui vous concerne, quel est votre parcours personnel ?
Je suis diplômé d’une école d’ingénieur spécialisée dans les télécommunications (Telecom Bretagne, maintenant IMT Atlantique) et d’un Master 2 à Sciences Po Rennes. Ma première expérience du monde du travail a naturellement combiné les deux, avec un accompagnement des collectivités locales dans l’aménagement numérique des territoires.
Ensuite, après une expérience dans le conseil auprès d’opérateurs télécoms à l’international, j’ai rejoint Arteria pour participer au projet d’internet des objets, à la fois parce que je me reconnais dans cette mission d’aménagement du territoire mais aussi parce que je crois aux bénéfices que la technologie LoRa peut apporter, que cela soit pour les acteurs publics ou privés.
Qu’aimez-vous dans votre métier ?
Ce qu’il y a d’intéressant avec l’internet des objets, c’est que le champ des possibles est vaste, puisqu’il touche potentiellement l’ensemble des secteurs, publics ou privés : agriculture, industrie, collectivités, énergie, environnement… Chaque projet est différent et représente une opportunité d’apprendre et de rencontrer de nouveaux acteurs.
En proposant ces briques techniques aux acteurs des territoires ruraux, nous les aidons également à gagner en efficacité et en confort de travail, ce qui permet de maintenir de l’activité dans la France rurale… c’est essentiel pour la vie des territoires !
Que voyez-vous dans l’avenir d’Arteria ?
Nous travaillons déjà aujourd’hui avec de nombreux partenaires qui développent des solutions (matérielles ou logicielles) reposant sur les réseaux d’internet des objets, mais il faut que cet écosystème grandisse encore et se pérennise. L’objectif est notamment de renforcer la mutualisation et l’interopérabilité des systèmes, afin que l’équation économique permette de faciliter toujours plus le déploiement de ces solutions hors des zones denses.