Entretien avec Pierre-Frédéric Bouvet de Cueillette Urbaine, entreprise spécialisée dans l’Agriculture Urbaine
Bonjour Pierre-Frédéric, pourriez-vous décrire en quelques mots Cueillette Urbaine ?
Cueillette Urbaine est une entreprise spécialisée dans l’agriculture urbaine. Notre activité principale consiste à vendre et exploiter des fermes urbaines productives en milieu urbain.
Ces fermes sont idéalement sous des serres bioclimatiques qui accueillent des techniques d’aquaponie et d’Aéroponie. Notre activité s’adresse à tout acteur qui souhaite avoir des fruits et des légumes frais et locaux en ville et en circuit court !
Quelle est votre solution principale ?
Notre solution principale est la ferme urbaine « clé en main ». Nous installons le matériel et assurons la maintenance et l’entretien des cultures jusqu’à la récolte.
Comment est-ce que vous commercialisez vos produits ?
Nos solutions sont commercialisées plutôt en B2B. Par exemple, si un magasin souhaite implanter une ferme productive dans son parking ou juste à côté ; Cueillette Urbaine lui propose une solution. Notre ferme urbaine permet d’avoir des fruits et légumes qui ne voyagent plus et qui possèdent donc un gout très diffèrent. Ils sont plus gouteux et de meilleure qualité. C’est un circuit ultra court où les fruits et les légumes passent directement de la serre aux étales du magasin, ce qui permet de considérablement diversifier les variétés.
Les techniques des cultures utilisées permettent d’économiser jusqu’au 90% d’eau. D’autre part, la serre permet de s’affranchir des problèmes liés à la culture pratiquée à l’extérieur et d’étaler le temps de culture. Cela est très important, surtout à l’heure actuelle, pour les magasins, les supermarchés ou tout acteur de la grande distribution qui souhaite rattraper une clientèle qui s’éloigne peu à peu pour se tourner vers des produits locaux en circuit court.
En particulier, le gout des fruits que nous retrouvons au supermarché aujourd’hui est lié au transport et à la démarche que la filière alimentaire impose aux producteurs. Avec Cueillette Urbaine nous cueillons les fruits et légumes pile à maturité donc l’amélioration du gout n’en est qu’une directe conséquence.
Qui s’occupe en particulier de la récolte ?
Notre solution est vendue clé en main. Si notre client est déjà exploitant alors il s’occupe directement de la récolte. Sinon, on offre avec notre solution un contrat de maintenance. Dans ce cas, nous proposons aussi un service de maintenance et le client n’a rien à faire. Il doit juste s’occuper de manger, revendre ou transformer les fruits et légumes qu’il produit, comme il veut.
Quelle est l’ambition de Cueillette Urbaine ?
Notre ambition est d’arriver, avec notre business model, à vendre des fermes urbaines partout en Europe.
Pour l’instant nous commercialisons déjà nos solutions partout en France. Cueillette Urbaine existe depuis 2 ans et demi. A coté de l’offre de la ferme urbaine, nous proposons aussi une offre de services où nous offrons des potagers et des activités de team building associées en entreprises. Il s’agit d’améliorer le bien être sur le lieu de travail et de renforcer la cohésion d’équipe.
En ce qui concerne la ferme urbaine on compte à ce jour différents projets actifs sur Paris. Le tout premier projet c’était la Ruche, une ferme urbaine multifonctionnelle sur les toits, dans le vingtième arrondissement de Paris.
Nous avons aussi lancé le premier projet de Tower Farm en France. Il s’agit d’une ferme aéroponique dans le seizième arrondissement, plus précisément sur le toit de l’Hôpital Sainte-Périne.
En plus, parmi les initiatives : nos ateliers de cuisine. A cette occasion, on ramène souvent nos propres produits récoltés pour permettre aux gens de cuisiner avec, de goûter et de tester eux-mêmes la qualité.
Pourquoi avez-vous fait le choix de l’agriculture urbaine ?
C’est dans un contexte global que nous avons fait le choix de l’agriculture urbaine. Nous serons bientôt 10 milliards sur la planète et il va falloir nourrir cette population qui va se concentrer majoritairement dans les villes. On voit tous les jours que les villes sont polluées et saturées de véhicules et un fossé se creuse entre monde urbain et monde rural. L’agriculture urbaine joue donc un rôle très important, en apportant des services différents par rapport à l’agriculture conventionnelle.
Elle apporte de multiples bénéfices tels que : la création de lien social et d’écosystèmes résilients qui rende la ville plus agréable à vivre et elle favorise la production en circuit court ce qui permet de participer à la dépollution du milieu urbain.
Quelles sont les valeurs de Cueillette Urbaine ? Et quels sont les principaux bénéfices au niveau social apportés par votre activité ?
Les potagers dans les entreprises permettent notamment d’améliorer le bien-être des employés. Cela a été vérifié à travers de nombreuses études.
Ensuite, Cueillette Urbaine a trois objectifs principaux :
- Être productive et nourricière
- Dépolluer la ville
- Participer à la cohésion sociale et créer du lien social entre les citadins
Ce dernier point va surtout passer par nos offres de services : nos potagers participatifs associés a des ateliers de Team Building pour les employés.
Le potager permet tout d’abord aux gens de se rencontrer, de se retrouver autour d’un espace vert et, en suite, cela les aide à se rapprocher les uns des autres à travers l’agriculture.
Après il y a le coté de sensibilisation. Avec Cueillette Urbaine notre objectif est aussi d’aider à mieux connaitre ce qu’on mange et de retrouver le vrai goût des fruits et légumes.
En ce qui vous concerne, avez-vous toujours travaillé dans le monde agricole ?
Pas vraiment, mais je me dis toujours que mon histoire est une « histoire des plantes ».
J’ai obtenu mon diplôme de master en biologie végétale et agronomie à l’Université d’Orsay. Donc mes études étaient déjà fortement orientées dans ce sens et la biologie était pour moi une grande passion. J’ai ensuite travaillé pendant 3 ans en tant qu’ingénieur à l’INRA dans un laboratoire renommé de génomique végétale.
Enfin, j’ai travaillé pour Agricool, une startup basée à Paris qui fait pousser des fraises en hydroponie dans des containers.
J’ai beaucoup appris grâce à mes différentes expériences professionnelles et j’ai eu envie de créer un projet qui ressemblait à la vision que j’ai de la ville de demain et du futur de l’agriculture. C’est comme ca que Cueillette Urbaine est née.
Qu’aimez-vous dans votre métier ?
Pour nous il est très important d’expliquer aux gens ce qu’on fait. Accroître la confiance vers l’agriculture urbaine à travers nos explications et nos démonstrations.
Nos outils de production sont l’aquaponie et l’aéroponie. Des techniques hors sol très productives et écologiques. L’économie circulaire est au centre de nos préoccupations. Ainsi nous avons créé un système de bac auto-suffisant composé d’un substrat entièrement composé de bio-déchets et équipé d’un lombricomposteur permettant de recycler 500g de déchets pour un kg de fruits et légumes produit. Nous achetons nos jeunes plantes chez un pépiniériste local et bio ; nous travaillons sur l’utilisation de déchets organiques comme les drêches de brasserie pour nourrir nos poissons en aquaponie et sur l’utilisation d’engrais organiques pour alimenter nos systèmes aéroponiques. Notre but est d’avoir une démarche cohérente avec notre philosophie, sur tout le cycle.
Avez-vous des projets pour l’avenir ?
Nous installons trois nouveaux projets au Printemps 2019 que nous avons remporté grâce à l’initiative des Parisculteurs, lancé par la mairie de Paris et qui vise à végétaliser 100ha (dont 30ha agriculture urbaine) d’ici 2030 à Paris et en proche banlieue.
Le premier est l’installation d’une ferme urbaine d’environ 1000m2 sur le toit de « cuisine mode d’emploi », une école de cuisine crée par le chef Thierry Marx. Le second est la création de la première Tower Farm en France, une ferme urbaine en Aéroponie de 5000m2 sur le toit de l’hôpital Sainte-Périne et enfin une ferme aquaponique de 400m2 accueillant des serres bioclimatiques en toiture.
Un autre projet concerne l’ouverture de deux restaurants situés respectivement à Cergy Pontoise et à Saint-Maur des Fossés. A ces endroits, nos fermes urbaines fourniront directement un espace de restauration locavore ou les clients pourront déguster des produits frais en circuit hyper court pour leur repas et aussi profiter d’une visite du lieu de production.
Enfin, nous allons cultiver du houblon dans le bois de Boulogne au Printemps 2019 et une microbrasserie associé à un autre site de culture de houblon verra le jour en 2020.
Sans compter plusieurs projets en cours avec la grande distribution, des promoteurs immobiliers ou encore des collectivités !
« Avec Cueillette Urbaine, les fruits et légumes viennent à vous en haut de chez vous »