Ferme de Videau

Entretien avec Pierre de la Ferme de Videau : « Un jour j’ai décidé que je vivrais dans une ferme »

Bonjour Pierre, pourriez-vous décrire en quelques mots La Ferme de Videau ? (Où se trouve-t-elle ? D’où vient-t-il cet appellatif… ?)

La Ferme de Videau, c’est d’abord une très vieille maison, dont on dit qu’elle a été un relais de chasse au 16ème siècle, puis une auberge sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle. Le lieudit Videau est un ancien village, dont il ne reste que quelques bâtiments, dont notre maison, celle du voisin et plusieurs granges. Notre propriété s’étend sur 1,5 hectare. Elle fait partie de la commune de Villebramar dans les coteaux du Lot-et-Garonne (près de Marmande).

D’où vient-il votre choix d’un projet agricole et touristique ?

Un jour j’ai décidé que je vivrais dans une ferme, sans trop savoir ce que j’allais y faire. J’habitais alors à Paris, mais j’avais été élevé par des grands parents agriculteurs et le besoin de revenir à la terre se faisait sentir. Ensuite, mon choix s’est porté sur l’activité de maraîchage, mais ma compagne souhaitait complètement autre chose, en étudiant le massage bien-être.

Nous sommes maintenant installés dans une région très touristique grâce à la richesse de son patrimoine, de sa gastronomie et de ses paysages.

L’idée de combiner nos deux activités est venue naturellement. En incluant l’accueil à la ferme, nous pouvons également transmettre nos convictions et montrer nos pratiques écologiques à nos visiteurs.

Quels sont les principaux objectifs du projet ?

Premièrement, réussir la production diversifiée de légumes de saison en agriculture biologique, et s’assurer une clientèle la plus locale possible, en visant les marchés de pays, la vente sur place ou en boutique de producteurs.

D’ici deux ans maximum, je voudrais pouvoir me dégager un SMIC avec cette activité, et prétendre au statut d’exploitant. Deuxièmement, ouvrir un gîte rural qui aura été aménagé selon des méthodes écologiques et dans un cadre vraiment naturel et relaxant. On voudrait y proposer des prestations de massage bien-être ou des séjours de groupe (séminaires, cours de yoga, etc.). Ce sera le revenu de ma compagne.

Combien êtes-vous à travailler au projet ?

Nous sommes deux : ma compagne Laëtitia et moi-même. Il faut dire que pour la rénovation de la ferme, nous faisons essentiellement tout par nous-même. Au jardin, je suis tout seul. Mais nous recevons régulièrement des amis et de la famille ici à la ferme, sans lesquels les chantiers avanceraient moins vite ! Nos voisins nous donnent aussi des coups de main non négligeables. Et puis bien sûr, nous avons fait intervenir des artisans et des entrepreneurs (charpente, semis de luzerne, creusement d’un lac…).

Avez-vous toujours travaillé dans l’agriculture ? Qu’aimez-vous dans votre métier ?

Je suis en reconversion professionnelle. Jusqu’en 2015, j’exerçais la profession de webdesigner (graphiste spécialisé en sites Internet) et dessinateur. Mes premiers mois en tant qu’ouvrier agricole n’ont pas été faciles, j’ai perdu quelques kilos ! Mais ce qui m’a plu et m’a poussé à persévérer, c’est justement ce travail physique au contact des éléments, en pleine nature. Et le fait de prendre soin du vivant, tant les plantes elles-mêmes que le sol dans lequel elles se développent. Bien sûr, en bon gourmand, je me fais une joie de cultiver des espèces nourricières !

Enfin, j’ai plaisir à transformer le paysage : une ferme maraîchère, c’est d’abord un beau et luxuriant jardin, bien intégré dans son environnement.

Quelles valeurs vous inspirent à poursuivre votre projet agricole et touristique ?

D’abord, la défense des bonnes choses, en tentant de proposer des légumes de qualité, quitte à sacrifier un peu de rentabilité. J’ai choisi l’agriculture biologique par conviction écologique, pour qu’on ne puisse pas accuser mes cultures de représenter un danger pour l’environnement, mais aussi pour préserver la santé de ceux qui s’en nourrissent. Et le goût doit être au rendez-vous ! J’espère y arriver avec l’expérience… Ensuite, la volonté de faire revivre notre bonne vieille campagne qui a été quelque peu vidée de ses habitants et de ses agriculteurs. En y recréant de l’activité, fut-elle saisonnière, en la défrichant et en y réintroduisant de la biodiversité. La valoriser, aussi, car le havre de paix dans lequel nous nous sommes installés sera mieux protégé s’il est fréquenté par ceux qui l’apprécient : amateurs de nature, de relaxation, peintres du dimanche, randonneurs, etc. Nous voulons réconcilier ceux-là avec l’agriculture !

Pourriez-vous nous en dire plus sur votre campagne de financement participatif ? Comment est-il possible de participer et de soutenir La Ferme de Videau ?

Nous avons lancé une campagne de don participatif sur la plateforme Blue Bees, dédiée à l’agroécologie. Chacun peut contribuer avec le montant de son choix, et recevra en échange des contreparties variées : des produits maison, des sacs faits-main estampillés «Ferme de Videau», des reproductions de mes dessins d’après nature. Ou encore, apéros, repas et séjours détente à la ferme. Autre façon de nous soutenir : parler de notre projet le plus possible, faire connaître notre démarche en partageant sur les réseaux sociaux, par email, et par le bouche à oreille… Les amis et la famille ont pour l’instant bien joué le jeu, mais pour atteindre notre objectif de 25000€, il faut toucher un plus large public, sensible à l’agroécologie ou au tourisme durable.

Quel est le but de cette financement participatif ?

La rénovation de la Ferme de Videau est un gros chantier que nous menons depuis 2017. L’activité professionnelle de ma compagne et moi-même n’a pas encore vraiment démarré. Nous avons encore besoin d’investir. Le financement participatif constituera un sérieux coup de pouce, sans lequel nous devrons différer nos objectifs. Peut-être même revenir à nos anciens métiers pour compléter nos revenus, mais pas sûr alors de pouvoir investir avant longtemps.

Y a-t-un dernier sujet que vous souhaiteriez aborder ? Quelques mots pour conclure ?

Je voudrais ajouter qu’il y a urgence à faire évoluer nos pratiques agricoles, à relocaliser la production et à lui redonner une taille humaine. Nos campagnes ont bien besoin de ça. Dans ce coin du Lot-et-Garonne, notre projet a d’ailleurs été très bien accueilli. J’ai rencontré plusieurs jeunes agriculteurs qui s’engagent sur cette voie, et des plus vieux qui nous encouragent. Leurs fermes sont autant de petits paradis. Merci à eux !

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